Pearl Habor
en films
Le 7 décembre 1941, les forces aéronavales japonaises attaquent par surprise la base américaine de Pearl Harbor située sur l’île d’Oahu. Deux cuirassés sont coulés, 188 avions sont détruits, de nombreux croiseurs et destroyers sont endommagés, et le bombardement fait 2 403 morts et 1 178 blessés. Evénement traumatique et fondateur de l’engagement américain dans la Seconde guerre mondiale, la tragédie de Pearl Harbor est le début de la Guerre du Pacifique. Très vite, le Cinéma a su exploiter l’ambivalence de ce désastre militaire, faisant de l’événement un exemple parfait de « défaite héroïque », mêlant martyr et héroïsme.
Les bélligérants ne tardent d’ailleurs pas à s’emparer de l’événement pour nourrir leur propagande réciproque. En 1942, John Ford, engagé volontaire dans la Navy comme cinéaste aux Armées, remporte l’Oscar du Meilleur documentaire pour 7 décembre (December 7th), récit filmique constitué d’images d’actualité tournées quelques heures après les bombardements et destiné à légitimer l’entrée en Guerre des Etats-Unis contre l’Empire du Japon. De leur côté, les Japonais admirent les exploits de leurs intrépides pilotes dans La bataille navale à Hawaïï et au large de la Malaisie (Hawai Marē oki kaisen), docu-fiction avant l’heure réalisé par Yojiro Yamamoto. Un an plus tard, l’attaque de Pearl Harbor sera également le point de départ des aventures de l’équipage du B-17 « Forteresse volante » du film Air Force d’Howard Hawks, hommage patriotique et non dissimulé aux pilotes du Pacifique.
"TANT QU'IL Y AURA DES HOMMES" de Fred Zinnemann (1953)
Il faut ensuite attendre 1953 pour que la bataille serve de toile de fond et de climax à l’intrigue amoureuse de Tant qu’il y aura des hommes (From here to Eternity) de Fred Zinnemann, par ailleurs réquisitoire contre le délabrement moral des institutions militaires.
En 1960, Tempête sur le Pacifique (Hawai Middowei daikaikûsen: Taiheiyô no arashi, rebaptisé I Bombed Pearl Harbor pour le marché américain) de Shue Matsubayashi, décrit la trajectoire d’un pilote nippon de l’euphorie de la victoire de Pearl Harbor à la désillusion de la défaite de Midway, reprenant plan par plan et maquette par maquette la mise en scène du bombardement du film de Yamamoto de 1942.
"TEMPETE SUR LE PACIFIQUE" de Shue Matsubayashi (1960)
"TORA ! TORA ! TORA !" de Richard Fleischer et Kenji Fukasaku (1970)
L’un des films les plus spectaculaires et ambitieux sur le sujet reste sans doute le Tora ! Tora ! Tora ! de Richard Fleischer et Kenji Fukasaku, sorti sur les écrans en 1970. Doté d’un budget pharaonique accordé par la 20th Century Fox et d’un casting international prestigieux, cette co-productuion américano-japonaise marque la collaboration des deux anciennes puissances ennemies pour se retrouver autour d’un récit commun et appaisé. Replacant la bataille dans son contexte politique et géostratégique, cette spectaculaire reconstitution adopte les points de vue de chacun des bélligérants dans un souci du détail historique.
"PEAEL HARBOR" de Michael Bay (2001)
En 2001, c’est au tour du réalisateur Michael Bay de livrer une vision héroïque et hautement patriotique de la tragédie à l’occasion des commémorations des 60 ans de la bataille avec Pearl Harbor. Synthèse entre la romance de Tant qu’il y aura des hommes et la spectacularité des combats de Tora ! Tora Tora !, le film rend hommage aux victimes du raid japonais et au courage des défenseurs de la base navale. Au drapeau américain criblé de balles et flottant dans l’eau ensanglantée répondent les premiers raids aériens sur l’archipel nippon. Sorti quelques mois avant les attentats du 11 septembre et bénéficiant des effets spéciaux les plus en pointe de l’époque, le film témoigne du sentiment hégémonique américain de l’Après Guerre froide et anticipe la progressive militarisation des esprits qui marquera la présidence de George W. Bush. Cette vision héroïsante de Pearl Harbor sera d’ailleurs également reprise par Roland Emmerich dans l’ouverture de son évocation de la bataille de Midway en 2019.