Les 3 royaumes
(SHI BI)
2009 – Chine
Fiche technique
Réalisé par John Woo
Scénario de John Woo et Shan Khan
d’après “Les 3 royaumes” de Luo Guanzhong
Musique de Tarô Iwashiro
Avec Tony Leung Chiu-wai, Takeshi Kaneshiro, Zhang Fengyi, Chang Chen
Durée : 2h25
Synospis :
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Contexte historique
Chronique historique autant que récit mythique, le Roman des Trois royaumes, rédigé au XIVe siècle par Luo Guanzhong, est à l’Histoire chinoise ce que La Chanson de Roland ou Les trois mousquetaires pourraient être au roman national français. Sous l’objectif de John Woo, cette ambitieuse reconstitution de la chute de l’Empire Han et de la progressive ascension de la dynastie des Jin était à l’origine une fresque de presque 5 heures. Par le soin apporté à la reconstitution du contexte politique et militaire de l’époque ainsi que par l’intelligence du traitement des personnages hérités de la tradition romanesque de son pays, le maître du film d’action impose Les 3 royaumes comme l’une des œuvres les plus intéressantes sur l’Antiquité chinoise. Et s’il excelle dans les combats d’art martiaux chorégraphiés (héritage de sa jeunesse dans les studios de la Shaw Brothers), le film est surtout mémorable pour l’ampleur et la qualité des scènes de bataille, qu’il s’agisse de la confrontation navale sur le Yang-Tsé ou du choc des troupes à cheval se heurtant à un labyrinthe de boucliers regroupés en un mur de métal aux reflets aveuglants.
Contexte de production
Déclinaison épique de la propagande mémorielle, le film historique ou le “Wu Xia Pian” (le film de sabre en costumes) est depuis la fin des années 90 un passage obligé pour tout réalisateur chinois qui se respecte et veut consolider son influence dans le monde de la production cinématographique de l’Empire du Milieu. En 2008, Les 3 royaumes marque le retour de John Woo en Chine après un exil peu concluant de presque 10 ans aux États-Unis.
A la suite de Chen Kaige (avec L’empereur et l’assassin en 1997, fresque sur le premier empereur) et Zhang Yimou (avec Hero en 2002, qui traitait de la même période), John Woo se prête à cet exercice avec brio, réalisant ce qui restera dans l’Histoire comme l’un des plus gros succès du Cinéma chinois. Alors que ses prédécesseurs privilégiaient les origines épiques de l’Empire céleste, le réalisateur hongkongais décrit une Chine en plein chaos, divisée par les guerres intestines. Mais cette évocation de l’effondrement du pouvoir dynastique des Han consumé dans le brasier de la bataille navale de la “Falaise rouge” (en référence à la couleur de l’incendie de la flotte impériale) vise surtout à démontrer l’éternelle capacité de cette antique nation à renaître, telle une métaphore du Phénix, des cendres des crises qu’elle traverse et à se réinventer encore et toujours un destin hors du commun.
Anecdotes
Depuis la rétrocession de Hong Kong en 1997 et comme un écho aux profondes mutations politiques et économiques d’une société en pleine mutation, les protagonistes des 3 royaumes incarnent, par leurs actions et leur savoir vivre, cette volonté de changement et d’émancipation d’un pouvoir central archaïque. Car le film, dont le sujet central est la guerre, dépeint également et surtout le raffinement artistique et intellectuel de l’identité chinoise. On y converse, on y joue de la musique et on s’interroge sur le devenir des sociétés et des gouvernants. Comme elle l’a souvent fait, la Chine utilise son Passé pour délivrer au monde un message clair sur ses perspectives d’avenir.