A partir de 8-10 ans
– Certaines scènes peuvent choquer les jeunes spectateurs –
Le tombeau des lucioles
(HOTARU NO HAKA)
1996 – Japon
Réalisé par Isao Takahata
Scénario d’Isao Takahata d’après le roman La Tombe des lucioles de Akiyuki Nosaka
Musique de Michio Mamiya
Durée : 1h30
Synospis :
Kobe, été 1945. Pressée d’obtenir la rédition des forces impériales japonaises, l’Armée américaine intensifie ses frappes aériennes sur les villes nippones. Seita, un adolescent de 14 ans, et Setsuko, sa jeune sœur de 4 ans, se retrouvent orphelins à la suite d’un bombardement incendiaire particulièrement meurtrier. Livrés à eux-mêmes, les enfants trouvent refuge chez une tante éloignée. Cette dernière, qui ne voit en eux que deux encombrantes bouches à nourrir, multiplie les vexations et les privations pour les forcer à partir. N’en pouvant plus, Seita et Setsuko décident d’aller chercher un autre endroit et s’installent clandestinement dans un abri désaffecté peuplé de lucioles qui, la nuit, illuminent le ciel. Malgré la tentative de trouver des petits boulots sous-payés, Seita ne parvient à gagner assez d’argent pour nourrir convenablement sa sœur qui finit par tomber malade. Alors que le garçon en vient à voler quelques légumes dans les champs et apprend par hasard la capitulation du Japon, Setsuko meurt de malnutrition. Rongé par le chagrin et le désespoir, Seita finit par s’éteindre à son tour dans une gare, au milieu d’une foule indifférente.
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L’originalité du Tombeau des lucioles est d’aller au-delà de la simple et consensuelle critique des horreurs que se sont infligées ces deux ennemis irréductibles que furent les États-Unis et le Japon. Si les effets dévastateurs des bombardements incendiaires américains sur des villes principalement constituées d’habitations de bois et de papier sont évoqués avec un réalisme terrifiant et quasi-documentaire, ce que dénonce avant tout Takahata est le comportement égoïste et le manque d’humanité du peuple japonais. La société nippone décrite dans le film est dénuée de toute compassion et de toute solidarité, corrompue et trop occupée à survivre (voire à profiter du chaos de la guerre !) pour porter assistance à sa jeunesse martyre. Témoignage historique incontournable sur la Seconde guerre mondiale au Japon, Le tombeau des lucioles est également une triste et profonde réflexion sur le poids du Passé dans une civilisation tournée vers le Futur et qui ne cesse d’aller de l’avant sans se retourner. Le film s’achève d’ailleurs sur les fantômes des deux petites victimes se retrouvant dans un parc surplombant la mégalopole moderne et tentaculaire, comme un rappel venu du fond des temps que la prospérité économique et industriel du Japon contemporain s’est construite sur les cendres de la guerre, dans le mépris de l’Humain et des valeurs morales les plus élémentaires.