Le Dernier des Mohicans
(THE LAST OF THE MOHICANS)
1992 – Etats-Unis
Fiche technique
Réalisé par Michael Mann
Scénario de John L. Balderston
d’après le roman homonyme de James Fenimore Cooper
Musique de Trevor Jones et Randy Edelman
Avec Daniel Day Lewis, Madeleine Stowe, Wes Studi, Russell Means
Durée : 1h47
Synospis :
État de New York, 1757. Soutenus par les indiens Hurons, les troupes françaises affrontent l’armée britannique aidée par les guerriers Mohicans. L’officier Duncan Heyward accompagne Cora et Alice Munro, deux jeunes anglaises parties rejoindre leur père, commandant du Fort William Henry. En chemin, ils tombent dans une embuscade tendue par leur guide, le Huron Magwa, et n’en n’échappent que grâce à Nathanael Poe dit « Œil de faucon », un Européen élevé parmi les Mohicans, et à son frère adoptif Chingachgook. Les deux hommes décident alors d’escorter l’officier et les deux sœurs jusqu’à Fort William Henry. Pour cela, ils devront traverser un territoire dangereux et à la nature hostile, tout en échappant à la poursuite des hommes de Magwa et aux combats que se livrent les deux belligérants en lutte pour la conquête de nouvelles colonies.
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Contexte historique
Bien qu’évoqué dans des œuvres aussi différentes que Fanfan la Tulipe (Christian-Jaques en 1952 et Gérard Krawczik en 2003) ou Barry Lyndon (Stanley Kubrick en 1975), la “Guerre de Sept ans”, conflit mondial avant l’heure opposant les grandes monarchies européennes à la conquête de nouveaux empires, a finalement été assez peu traitée par le 7ème Art. Au-delà du souffle exotique et du romantisme de son intrigue, Le dernier des Mohicans est célèbre pour le sérieux de sa reconstitution du contexte historique de l’époque, à savoir, l’exportation dans les colonies d’Amérique du Nord de l’affrontement entre Louis XV et George II. A travers l’aventure de ce petit groupe d’Anglais en territoire ennemi, c’est surtout l’évocation de la stratégie militaire du Marquis de Montcalm (auquel Patrice Chéreau prête les traits dans la scène de reddition de Fort Henri) qui est ici présentée avec, en particulier, l’implication des tribus amérindiennes aux côtés des différents belligérants. Car ce qui rend incomparable l’histoire de Fenimore Cooper et fait la spécificité de la Guerre de Sept ans, c’est l’introduction de la présence active et supplétive des populations indigènes dans les rangs des puissances coloniales européennes, Hurons et Ottawas côté français, Mohicans et Iroquois côté britannique.
Contexte de production
Si la version de Michael Mann diffère des précédentes adaptations cinématographiques du roman comme celle de Maurice Tourneur en 1920 ou celle de Harald Reinl de 1965 (production allemande dans l’esprit de sa série des Winnetou), c’est par le regard anthropologique sur les Amérindiens que le réalisateur pose sur ses personnages. Alors que les Hurons et les Mohicans des films antérieurs tenaient plus, dans leur accoutrement et leurs manières, des tribus des grandes plaines de l’Ouest immortalisées dans les Westerns de John Ford, les personnages incarnés par Wes Studi ou Chingachgook (eux-mêmes d’origine amérindienne) sont beaucoup fidèles à la culture autochtone de l’époque autant qu’au rôle exact que ces populations ont joué dans le système colonial européen. Cette tendance à la vraisemblance historique doublée à une approche “ethnique” de la question indienne au Cinéma est révélatrice d’un réveil culturel de l’Amérique “native” en marche au début des années 90, dont le succès de films comme Danse avec les loups (Kevin Costner, 1990), Black robe (Bruce Beresford, 1991), Geronimo (Walter Hill, 1993) et de nombreuses séries documentaires comme How the West was lost (1993) ou 500 nations (1995) se firent l’écho.