La reine Margot
1994 – France/Allemagne/Italie
Fiche technique
Réalisé par Patrice Chéreau
Scénario de Danièle Thompson et Patrice Chéreau,
d’après “La reine Margot” d’Alexandre Dumas
Musique de Goran Bregovic
Avec Isabelle Adjani, Daniel Auteuil, Vincent Pérez, Jean Hughes Anglade
Durée : 2h39
Synospis :
1572. La France est plongée dans l’horreur des Guerre de religions entre Catholiques et Protestants. A l’occasion du mariage de Marguerite de Valois avec Henri de Navarre, le futur Henri IV, de grandes fêtes sont organisées par le roi Charles IX dans le but de négocier une paix entre les deux camps qui s’affrontent. Mais les fanatiques des deux partis refusent cette alliance politique. Sous l’impulsion de Catherine de Médicis et du Duc de Guise, le roi ordonne l’effroyable massacre des huguenots lors de la nuit de la Saint-Barthélemy. Malgré la relation d’amour qu’elle entretient secrètement avec le Marquis de la Mole, Marguerite va tout tenter pour sauver la vie de son mari.
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Contexte historique
Depuis 1520, le schisme provoqué par les idéaux de la Réforme plonge catholiques et protestants dans l’enfer des guerres de Religion. Le règne du roi Charles IX, manipulé par sa mère Catherine De Medicis, est marqué par une montée des tensions confessionnelles auxquelles viennent s’ajouter des luttes de clans aristocratiques (les Montmorency, les Guise et les Bourbons) partis à l’assaut d’une monarchie fragilisée.
Contexte de production
A travers l’histoire d’amour impossible de Marguerite de Valois (qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler les destins contrariés de Roméo et de Juliette), Chéreau s’applique à décrypter les jeux d’influence entre aristocrates et les relations ambigües qu’entretient le pouvoir royal avec un clergé complice et corrompu. Décrivant les fanatiques membres de la Ligue Catholique conduits par le Duc de Guise comme une bande de mafieux violents et les Huguenots comme un lobby en opposition avec l’Absolutisme naissant, il souligne l’engrenage fatal qui mènera à la planification méticuleuse de l’élimination physique des Protestants lors de la terrible nuit de la Saint Barthélémy, dont la violence est mise en image avec un réalisme proche de l’insupportable. Alors qu’au même moment se font ressentir en Europe de l’Est les conséquences de la Chute du Mur de Berlin, le film aquiert une résonance particulière avec un contexte international marqué par l’horreur du conflit en Ex-Yougoslavie et les atroces massacres de civils souvent perpétrés pour des motifs religieux (les Serbes étant majoritairement orthodoxes tandis que les Bosniaques sont majoritairement musulmans).
Anecdotes
La reine Margot fait partie de ces bons vieux classiques de la Littérature dont le 7ème Art a, dès ses origines, fait choux gras. La première adaptation du roman d’Alexandre Dumas date de 1910 et la version la plus célèbre jusque là était celle de Jean Dréville en 1954 avec Jeanne Moreau dans le rôle titre. Aidé de Danièle Thompson et assisté de Hervé Grandsart, conseiller historique de films comme le Danton d’Andrzej Wajda, L’Anglaise et le duc d’Eric Rohmer ou la série Nicolas Le Floch, Patrice Chéreau s’éloigne quelque peu du roman de Dumas et des poncifs esthétiques en vigueur lorsque le Cinéma explore la Renaissance pour mieux saisir l’essence de ces moments dramatiques et l’atmosphère malsaine et mortifère qui entoura les Guerres de religion. Complots et intrigues, assassinats et empoisonnements, trahisons amoureuses et déviances sexuelles, c’est dans les sinistres coulisses du pouvoir que nous entraîne le réalisateur avec un soucis de réalisme poussé jusqu’au paroxysme.