Sous l’œil du cinéaste, la petite caméra 3D est une passerelle entre deux époques, un lien esthétique et spirituel qui relie, l’espace d’un instant, les visiteurs de cette grotte à ses anciens occupants. En témoigne cette scène d’expérimentation du silence caverneux qui permet au visiteurs d’entendre les battements de leur cœur et d’entrer en communion avec ceux qui ont laissé leurs empreintes des millénaires auparavant. Associant les témoignages de sommités issues de l’Archéologie et de l’Anthropologie (comme Jean Clottes ou Jean-Michel Geneste) autant que de l’Histoire de l’Art et de la Philosophie, Werner Herzog tente de rassembler les pièces de ce mystérieux roman des origines. Cherchant à reconstituer le geste, à retrouver l’impulsion afin de parvenir à saisir les premiers frémissement d’une conscience intellectuelle et artistique au Paléolithique, il balaie nombreuses idées reçues sur la vie quotidienne et l’art pariétal de la “culture préhistorique”. Les hommes de la Préhistoire n’avaient pas à ramper car l’entrée de la grotte n’était pas encore enterrée par les sédimentations. Le peuplement de la cavité n’est pas qu’une parenthèse éphémère et féconde mais celle-ci a connu de nombreux occupants humains sur plusieurs milliers d’années. De même, les “œuvres” sur les parois font autant appel à des expressions claniques qu’à des pratiques de type religieuses comme le démontre le crâne d’ours posé par un monticule de calcaire et faisant immanquablement penser à un autel. Autant d’éclaircissements qui permettent de mieux comprendre le contexte de production de ces témoignages de notre Passé lointain.