La chute de l’empire romain
(THE FALL OF THE ROMAN EMPIRE)
1964 – Etats-Unis
Fiche technique
Réalisé par Anthony Mann
Scénario de Ben Barzman, Basilio Franchina et Philip Yordan
Musique de Dimitri Tiomkin
Avec Stephen Boyd, Sophia Loren, Alec Guiness, Christopher Plummer
Durée : 3h08
Synospis :
Rome, 180 après J.C. Après un siècle de “Paix romaine” et alors que le règne du vieil empereur philosophe Marc-Aurèle touche à sa fin, deux prétendants au siège impérial s’affrontent et rivalisent : son fils, l’ambitieux et tyrannique Commode, et Livius, son fidèle général qui ne cesse de parcourir les provinces les plus éloignées de l’Empire pour sécuriser ses frontières menacées par la pression des Barbares. En manipulant le Sénat et en tissant des liens malsains avec des potentats étrangers, Commode finit par prendre le pouvoir et impose son pouvoir despotique. Sombrant progressivement dans une folie mégalomane et destructrice, il laisse son empire déjà déliquescent s’enfoncer dans la corruption et les inégalités. Entre les deux hommes qui, de surcroît, convoitent tous deux la belle Lucilla, une lutte à mort s’engage.
© Samuel Bronston Productions/The Rank Organisation – Tous droits réservés
Contexte historique
Les crises économiques, politiques et militaires qui accompagnent les premières incursions barbares de la fin du IIème siècle ap. J.C. Si le choix du règne de la dynastie des Antonins est compréhensible lorsque l’on sait que Marc Aurèle est le dernier empereur romain à bénéficier d’une certaine célébrité auprès d’un public populaire peu enclin aux études latines, réduire le déclin de Rome à cette difficile passation de pouvoir est oublier que la civilisation romaine ne s’éteindra véritablement que deux cent ans plus tard (pour l’Empire romain d’Occident) et perdurera encore mille ans pour sa partie orientale !
Contexte de production
En pleine Guerre froide et deux ans après la crise des missiles de Cuba, la description de cet affrontement de ces deux modèles socio-politiques antithétiques que sont l’Empire romain (structuré et policé) et les puissances barbares (violentes et chaotiques) qui tentent d’imposer leur domination par la terreur, trouve forcément une résonance particulière à travers la métaphore civilisationnelle. Le funeste destin de Rome est donc destiné à servir d’avertissement à l’Empire américain, son héritier spirituel, en première ligne de la lutte contre l’avancée des forces Soviétiques et de leurs alliés à travers le monde. Comme souvent à Hollywood, le Passé romain fait écho à la géopolitique de ce milieu des années 60. Pour l’anecdote, il est intéressant de signaler que, 30 ans plus tard, une fois le Rideau de fer tombé, Ridley Scott reprendra le même contexte historique pour son Gladiator en offrant à Richard Harris le rôle de Marc Aurèle et à Joaquim Phoenix celui de Commode…
Anecdotes
Si un film illustre bien le thème de la fin d’une époque, c’est bien La chute de l’Empire romain et ce, à de nombreux égards. Tout d’abord, sa vision crépusculaire et fondamentalement pessimiste de l’Antiquité latine a tendance à rompre avec le charme ensoleillé et les solennités religieuses ou pittoresques des ses prédécesseurs. Cette ambitieuse superproduction mise en chantier par le charismatique Samuel Bronston (à qui l’on devait déjà Le Roi des rois ou Le Cid) est un peu le chant du cygne des grandes productions aux moyens pharaoniques. Moins de deux ans après le semi-échec du Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz et malgré un budget de plus de 20 millions de dollars destiné à la construction d’un forum romain grandeur nature (à Las Matas, près de Madrid) ainsi qu’à la rémunération d’un prestigieux casting international (dont Mel Ferrer, Omar Sharif ou James Mason), La chute de l’Empire romain est le dernier grand péplum hollywoodien de l’âge d’or des studios américains et ferme une parenthèse thématique et esthétique ouverte avec l’arrivée du CinémaScope et les succès planétaires de films comme Ben-Hur, Spartacus ou Les Dix commandements.