La chair et le sang
(FLESH AND BLOOD)
1985 – Espagne/Pays-Bas/USA
Fiche technique
Réalisé par Paul Verhoeven
Scénario de Gerard Soeteman et Paul Verhoeven
Musique de Basil Paledouris
Avec Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, Jack Thompson, Tom Burlinson
Durée : 2h06
Synospis :
A l’aube du XVIème, l’Europe est ravagée par les guerres incessantes et fratricides que se livre la noblesse. A la tête d’une troupe de mercenaires sans foi ni loi, Martin s’engage au service du seigneur Arnolfini, sillonnant les routes avec sa bande de soudards aguerris et participant aux sièges de châteaux et aux embuscades. Lorsque l’aristocrate renie sa parole et refuse de payer à ces professionnels de la Guerre le tribu qu’il leur doit, les mercenaires se mettent à errer dans la région, se livrant sans vergogne au pillage et au viol. Pour se venger, Martin décide alors d’enlever Agnès, la fille d’Arnolifini et de prendre d’assaut son château. Entre Martin, qui a réussi à s’arroger les faveurs de la jeune femme, et Stephen, son jeune prétendant qui a des vues sur la place forte, un combat sans merci va s’engager alors que la Peste fait peser une menace de plus en plus pressante.
© 20th Century Fox/Orion Pictures – Tous droits réservés
Contexte historique
Si l’épopée arthurienne et les riches heures de l’âge d’or des XIIème et XIIIème siècles (avec sa chevalerie héroïque, ses croisades et ses héros populaires comme Robin des Bois ou Ivanhoé), semblent avoir fasciné les cinéastes, il est cependant certaines périodes du Moyen Age qui n’ont été que très rarement abordées. Parmi elles, le crépuscule de la civilisation médiévale et son basculement vers ce que l’on appelle communément la Renaissance. L’action du film se déroule ainsi à l’aube du XVIème siècle, à la charnière du Moyen-âge dit « tardif » et de l’avènement d’une nouvelle organisation sociétale. Les royaumes se centralisent et les cités-états se renforcent. L’honneur de la chevalerie et la noblesse des affrontements à l’épée deviennent un folklore d’apparat progressivement délaissé pour l’efficacité de nouvelles techniques de combat et de sièges comme les canons et les bombardes qui ont récemment fait leur apparitions et se généralisent, mais également de sape ou ce que l’on appellerait la guerre bactériologique (comme par exemple la contamination des puits par la Peste).
Contexte de production
Héritier lointain de la mode des adaptations d’Heroïc Fantasy du début des années 80, ce septième opus du réalisateur néerlandais Paul Verhoeven a pour originalité d’aborder de manière frontale, voire crue, la transition entre le Moyen Age tardif, violent et obscur, marqué par ce que les historiens ont appelé les “malheurs des temps” (la conjonction des crises alimentaires, de guerres entre les différents pouvoirs féodaux et les ravages des grandes épidémies comme la Peste) et l’avènement progressif des pouvoirs monarchiques accompagnés d’un renouveau culturel, artistique et spirituel. Mêlant références esthétiques aux peintres mystiques et décadents comme Jérôme Bosch, Art religieux flamand et ambiance picaresque et brutale, Paul Verhoeven brosse un portrait sans concession de la dureté de la vie quotidienne de cette époque de basculement social et politique.
Mais surtout, La chair et le sang est une passionnante évocation d’un phénomène fondamental bien qu’assez méconnu de cette époque : le mercenariat. A travers les instincts violents et la tendance l’anarchie de ces troupes de vagabonds en armes venus de l’Europe entière et attirés par l’appât du gain et l’impunité que le service d’un service d’un seigneur leur offre en temps de guerre, c’est la transformation des techniques militaires que met en scène avec bruit et fureur le cinéaste.