Exodus – Gods and Kings
2014 – Etats-Unis/GB/Espagne
Fiche technique
Réalisé par Ridley Scott
Scénario d’Adam Cooper, Bill Collage, Jeffrey Caine et Steven Zaillian d’après le “Livre de l’Exode”
Musique d’Alberto Iglesias
Avec Christian Bale, Joel Edgerton, Ben Kingsley, Sigourney Weaver
Durée : 2h30
Synospis :
© 20th Century Fox – Tous droits réservés
Contexte historique
La tradition situe ce célèbre épisode de la Bible, point d’orgue de l’Ancien Testament, à l’époque du pharaon Ramsès II, soit au cours de la XIXème dynastie, apogée du Nouvel empire égyptien. Le film fait d’ailleurs écho aux batailles menées par Ramsès contre les troupes Hittites venues d’Anatolie centrale qui se concluront par la victoire de Qadesh en 1274 avant J.C. En ce qui concerne la réalité historique de l’esclavage des Hébreux en Egypte, le débat reste entier puisqu’aucune trace archéologique convaincante n’a pu être trouvée pour étayer le récit biblique.
Contexte de production
Grand maître du Cinéma à grand spectacle, Ridley Scott avait dépoussiéré le Péplum au début des années 2000 avec son Gladiator, devenu depuis un classique incontournable d’un genre que tout le monde pensait disparu depuis les années 60. Avec Exodus – Gods & Kings, le réalisateur anglais s’attaque cette fois à l’un des épisodes les plus emblématiques de l’Ancien Testament, se plaçant immanquablement dans les pas de Cecil B. Demille et de ses deux versions des Dix commandements (la première en 1923 et la seconde en 1956).
Et pourtant, Exodus – Gods & Kings est loin d’être un remake tant le film appréhende l’histoire de Moïse sous un angle radicalement différent. Là où B. Demille privilégiait la magie et la souffle divin comme ressort au destin du prince d’Egypte, Scott préfère une approche rationaliste, politique et psychanalytique. Confronté à la réalité de ses origines hébraïques et à la violence esclavagiste (dont la description est directement inspirée du système concentrationnaire nazi), Moïse est plus un leader révolutionnaire venu émanciper son peuple de ses chaînes que le classique prophète envoyé par Dieu.
Le Surnaturel ne vient pas d’une puissance de l’Au-delà mais découle d’un enchaînement logique d’actions inéluctables provoquées par des êtres de chair et de sang guidés par leur affects, leurs motivations contrariées et leurs traumatismes. Ce qui frappe dans ce film biblique est… l’absence de Dieu ! A la tête d’une résistance armée qui se transforme vite en guérilla, Moïse est avant tout un chef de guerre, Yahvé est une hallucination née de son cerveau après une chute, les plaies d’Égypte ne sont que les catastrophes qui sont la conséquences d’un dérèglement du Nil et l’ouverture de la Mer Rouge est due à un tsunami géant ! Cette mise en question existentielle de l’intervention divine, en particulier la représentation de Dieu sous les traits d’un petit garçon cruel et colérique, valut d’ailleurs au film d’être interdit lors de sa sortie dans beaucoup de pays musulmans. Quoi qu’il en soit, ce magnifique livre d’images nourri par l’esthétique orientaliste (des aquarelles de David Roberts aux peintures bédouines d’Etienne Dinet) est une passionnante relecture de la Bible et c’est à une redécouverte de notre conception du Sacré à laquelle nous convie Ridley Scott dans cette superproduction atypique qui se permet de prendre des libertés avec l’archéologie égyptienne pour mieux nous amener vers une réflexion plus intemporelle.