Stella, une vie allemande

80 ans après les terribles événements qui entourèrent l’extermination des populations juives d’Europe par l’Allemagne nazie et ses suppléants, le Cinéma ne cesse d’explorer les zones d’ombre ou méconnues de la Shoah. Après des histoires étonnantes et pourtant vraies comme celles des faux-monnayeurs de Sachsenhausen dans Les faussaires de Stefan Ruzowitzky (2007), celle des combats du boxeur Victor Pérez au camp d’Auschwitz dans Victor Young Pérez de Jacques Ouaniche (2013) ou encore la délicate question du quotidien du personnel des camps dans La zone d’intérêt de Jonathan Glazer (2023), Stella, une vie allemande met en scène l’incroyable et dérangeante histoire de Stella Goldschlag, victime des politiques antisémites du régime nazi et devenue une « injuste » (selon l’expression consacrée par Claude Lanzmann). Refusant les poncifs narratifs et visuels en vigueur dans la plupart des films sur la Seconde Guerre mondiale, le réalisateur reconstitue un Berlin en guerre grouillant de vie et dont la musique n’était pas exclue. Son scénario souligne avec habilité toute la complexité de la vie quotidienne et de la survie sous le IIIème Reich. Comme il l’avait fait en 2022 à l’occasion de l’adaptation à l’écran de « Vous n’aurez pas ma haine », le récit autobiographique et ambivalent du conjoint d’une victime des attentats du Bataclan, le réalisateur Kilian Riedhof interroge les valeurs et la morale de simples êtres humains confrontés à l’Horreur.