Niki

Figure centrale de l’Art contemporain et pionnière d’une expression plastique proprement féminine, Niki de Saint Phalle a marqué son époque et laisse une empreinte de premier plan dans l’imaginaire collectif des Français. Et si le grand public est plutôt familier de ses principales œuvres (qu’elles soient intimes ou monumentales), la vie privée et sentimentale de l’artiste est pourtant moins connue. C’est justement cette dimension intime de la plasticienne qu’interroge Céline Sallette à l’occasion de son premier passage derrière la caméra. Mettant en scène Charlotte Le Bon dans le rôle de Niki, la comédienne devenue scénariste et réalisatrice filme la genèse de l’artiste, la montrant en prise avec les démons de son passé, émancipée des conventions sociales et du statut de mère pour devenir une créatrice accomplie et inspirée. Se concentrant sur la période fondatrice de sa carrière entre 1952 et 1961, le film illustre sa métamorphose et nous plonge dans le bouillonnement culturel de l’ère gaullienne, qui posa paradoxalement les bases de la révolution sexuelle et genrée qui explosera en 1968. A la fois biopic de célébrité, manifeste féministe et réflexion sur l’Art et les affres de la création, Niki est ainsi au carrefour de plusieurs genres très en vogue dans le Cinéma français contemporain. Ce portrait vivant résonne ainsi comme un écho avec le filon des biographies filmées des grands noms de l’Histoire de l’Art des films comme Séraphine de Martin Provost (2008), Berthe Morisot de Caroline Champetier (2012), Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont (2013) ou plus récemment Portrait d’une jeune fille en feu de Céline Sciamma sur les femmes peintres sous l’Ancien Régime (2019).