La voix d’Aïda

(Quo vadis, Aida ?)

Bosnie/Grande-Bretagne/Pays-Bas/Serbie-Croatie

Réalisé par Jasmila Žbanić

Avec Jasna Đuričić, Izudin Bajrovic, Boris Ler

Durée : 1h44

Srebrenica, juillet 1995. Modeste professeure d’anglais, Aida vient d’être réquisitionnée comme interprète auprès des Casques Bleus, stationnés aux abords de la ville. Leur camp est débordé : les habitants viennent y chercher refuge par milliers, terrorisés par l’arrivée imminente de l’armée serbe. Chargée de traduire les consignes et rassurer la foule, Aida est bientôt gagnée par la certitude que le pire est inévitable. Elle décide alors de tout tenter pour sauver son mari et ses deux fils, coincés derrière les grilles du camp…

La guerre civile en Ex-Yougoslavie est la dernière véritable tragédie humanitaire qu’ait connu l’Europe. Traumatisme dont les blessures sont encore vives dans les Balkans, la Guerre de Bosnie (1992-1995) a immédiatement suscité un vif intérêt de la part des réalisateurs yougoslaves à l’instar du Serbe Emir Kusturica et de son Underground (1996) ou du No man’s land du Bosniaque Danis Tanović (2001). Dans un de ses précédents films Le choix de Luna (2010), la réalisatrice bosniaque Jasmila Žbanić, elle-même survivante du siège de Sarajevo, mettait en scène la communauté musulmane de sa ville natale et les prémices du conflit. Avec La voix d’Aïda, elle signe une évocation bouleversante de la déportation puis du massacre systématique de plus de 8000 civils de Serbrenica par les troupes bosno-serbes de Radko Mladic dans la dans la « zone de sécurité » de l’ONU en juillet 1995. A travers le récit méticuleux et documenté de ces crimes contre l’Humanité, dont la mise en œuvre est décrite étape par étape, la réalisatrice opère un travail de mémoire et interroge le rôle et la responsabilité des casques bleus dans la perpétuation de ces actes de barbarie sous les yeux de l’Occident impuissant.