La fabrique du mensonge

L’Allemagne n’en finit pas de ressasser les heures sombres de son Histoire contemporaine, explorant les zones d’ombre du IIIème Reich par le biais des biopics ou de documentaires. On peut citer xxx ou encore Leni Riefenstahl, enquête sur la réalisatrice préférée du Führer à partir de ses archives personnelles. Avec La fabrique du mensonge, Joachim Lang se penche plus particulièrement sur les rouages de la progande nazie à travers la figure de Joseph Goebbels, compagnon de route du Führer devenu Ministre de l’Education du peuple et de la Propagande du Reich à partir de 1933. Alternant reconstitution minutieuse et images d’archives, le film suit la vie publique et intime de ce technocrate devenu le porte-parole et l’idéologue des pires exactions du regime. En suivant sa carrière de son ascension à son suicide familial dans le sinistre bunker berlinois des dernières heures d’Hitler, le film décortique la mise en place et le fonctionnement d’une ambitieuse politique de manipulation et d’asservissement intellectuel des masses. Travestissement des actualités, main-mise sur la presse écrite et créations de « fake news », production de films à gros budgets sensés célébrer l' »âme germanique », emprise radiophonique et censure omniprésente, le réalisateur dissèque un a un tous les ressorts de la propagande pour mieux en mettre à nu la mécanique infernale. Derrière ce salutaire rappel historique qui vient compléter la grande fresque au vitriol des hauts dignitaires nazis par les cinéastes contemporains, le réalisateur allemand entend également sensibiliser les spectateurs à une certaine tendance au retour dans nos sociétés de théories et de manoeuvres d’influence qui puisent leur origine dans les travaux de Joseph Goebells et de son ministère de la désinformation.