La cache

Adaptant le roman autobiographique de Christian Boltanski, Lionel Baier fait s’entremêler ces deux périodes charnières de l’Histoire de France que sont l’Occupation et la contestation politique et sociale qui ébranla le pouvoir gaulliste en 1968. Au-delà de la comédie familiale et nostalgique, La cache est surtout une réflexion sur le temps qui passe, sa transformation en Mémoire et l’impact du Passé sur les destins individuels et collectifs. Métaphore du souvenir, le fameux trou dans le mur qui donne son titre au film est à la fois le sujet central de l’intrigue et le révélateur des traumatismes familiaux autant que des aspérités et des contradictions du « roman national ». La passionnante et salutaire mise en abîme chronologique permet au récit d’échapper aux traditionnels poncifs en vigueur dans un certain cinéma mémoriel lié à la Seconde guerre mondiale (à l’instar de productions récentes comme Adieu Monsieur Haffmann de Fred Cavayé en 2021 ou La vie devant moi de Nils Tavernier en 2025). Cette fable transgénérationnelle, qui fut le dernier tournage auquel participa Michel Blanc avant de disparaître prématurément, décrit finalement la nécessité d’exorciser les démons du Passé pour mieux (re-)construire l’avenir.