“Bond, James Bond.” Par cette petite phrase, prononcée en 1962 sous la caméra de Terence Young, Sean Connery entrait dans la légende du Cinéma en incarnant pour la première fois l’agent secret le plus célèbre du monde. La popularité de ce personnage iconique du 7ème Art ouvrit à ce jeune acteur écossais peu connu jusqu’alors les portes des grands studios anglais et hollywoodiens. D’Alfred Hitchcock à Steven Spielberg, en passant par John Huston, Terry Giliam, Brian De Palma, John Boorman, Sidney Lumet, John Milius ou encore Mikhail Kalotozov et Jean-Jacques Annaud, les plus grands réalisateurs se sont disputés sa présence charismatique et son charme viril, lui offrant des rôles toujours plus originaux, du réalisme du polar jusqu’aux univers “science-fictionnels” les plus débridés.
Le Cinéma “historique” semble avoir vite compris les potentialités de cet acteur devenu un phénomène médiatique et culturel. Tout au long de sa longue carrière cinématographique, on constate ainsi une récurrence de deux profils de personnages du Passé : le combattant de la Seconde guerre mondiale et, son âge avançant, le vénérable du Moyen-Age. De sa brève apparition dans Le jour le plus long de Ken Annakin en 1962 à son incarnation du Général Urquhart, à la tête de la première division aéroportée sautant sur le pont d’Arnhem en plein enfer de l’Opération Market Garden dans Un pont trop loin de Richard Attenborough (1977), son physique athlétique lui offrit également son rôle de prisonnier d’un camp disciplinaire dans La colline des hommes perdus de Sidney Lumet (1964). A la fin des années 70, sa barbe blanche et sa stature empreinte de solennité lui vaudront d’incarner des figures empreintes de sagesse du monde médiéval. On le retrouve ainsi en Robin des Bois vieillissant amoureux d’Audrey Hepburn dans La Rose et la flèche de Richard Lester en 1976 et il incarnera à plusieurs reprises des rois médiévaux comme le légendaire roi Arthur dans Lancelot, le premier chevalier de Jerry Zucker (1995) ou Richard Cœur de Lion rentrant de croisade dans le Robin des Bois, prince des voleurs de Kevin Reynolds (1991). Mais son rôle le plus emblématique reste celui du moine franciscain Guillaume de Baskerville enquêtant dans les une abbaye bénédictine du Nord de l’Italie dans Le nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud en 1986, reconstitution considérée encore aujourd’hui comme une des évocations les plus fidèles de la vie monastique au Moyen-Age.
Mais les incursions de Sean Connery dans des univers historiques ne s’arrêtent pas là. On le croise ainsi sur le pont du Titanic dans Atlantique, latitude 41° de Roy Ward Baker en 1958, en officier colonial devenu roitelet d’un royaume afghan dans L’homme qui voulut être roi de John Huston en 1975, dans les wagons de l’Orient-Express dans Le crime de l’Orient-Express de Sidney Lumet en 1976 ou dans les montagnes apaches de l’Ouest américain dans Shalako d’Edward Dmytryk (1968). Parmi ses rôles les emblématiques, on retiendra également celui du roi Agamemnon dans Bandits, bandits de Terry Giliam (1981), du rebelle berbère marocain El Raisuli en guerre contre l’influence américaine au Maghreb dans Le lion et le vent de John Milius (1975) et bien sûr, celui de Jim Malone, membre de l’équipe d’Eliott Ness en lutte contre la mafia de Chicago dans Les Incorruptibles de Brian De Palma, rôle qui valut d’ailleurs d’être récompensé par l’Oscar du Meilleur Second rôle masculin.