In memoriam
Niels ARESTRUP
(1949-2024)
FILMOGRAPHIE “HISTORIQUE” :
1974 : Stavisky d’Alain Resnais
1978 : La Chanson de Roland de Frank Cassenti
1987 : La Rumba de Roger Hanin
2006 : Les Fragments d’Antonin de Gabriel Le Bomin
2009 : L’Affaire Farewell de Christian Carion
2010 : Elle s’appelait Sarah de Gilles Paquet-Brenner
2011 : Cheval de guerre (War Horse) de Steven Spielberg
2014 : Diplomatie de Volker Schlöndorff
2015 : Vue sur mer (By The Sea) d’Angelina Jolie
2017 : Au revoir là-haut d’Albert Dupontel
2018 : At Eternity’s Gate de Julian Schnabel
Curieuse carrière cinématographique que celle de Nils Arestrup. Entré dans le monde du 7ème Art par la petite porte et une série de seconds rôles aussi passionnants que parfois ingrats, ce comédien de Théâtre est devenu, décennie après décennie, l’un des grands noms du Cinéma français. Depuis ses débuts sous la direction d’Alain Resnais et de Chantal Akermann, Niels Arestrup a été le fidèle compagnon de route des grands auteurs hexagonaux, de José Giovanni à Yves Boisset et de Claude Lelouch à Bertrand Tavernier. Et pourtant, il faudra attendre sa rencontre avec Jacques Audiard pour que cet infatigable saltimbanque obtienne enfin une consécration bien méritée grâce à ses performances inoubliables dans De battre mon cœur s’est arrêté en 2005 et surtout Un prophète en 2009, triomphe cannois qui lui valut le César du Meilleur acteur dans un second rôle.
La qualité de son jeu ainsi que son physique minéral et souvent sévère fascina les cinéastes qui ne tardèrent pas à l’intégrer dans leurs films historiques. Dès 1974, on le croise ainsi en secretaire de Trotski dans le légendaire Stavinsky d’Alain Resnais avant de le retrouver en 1977 en troubadour aux côtés de Klaus Kinski dans La chanson de Roland de Franck Cassetti, évocation contestataire de la transmission orale de la geste héroïque médiévale. Dix ans plus tard, c’est un commissaire de police membre de la redoutable organisation de la « Cagoule » qu’il incarne dans La Rumba de Roger Hanin, dont l’intrigue se déroule dans le milieu de la pègre parisienne de l’immédiat avant-guerre. En 2006, il donne une épaisseur particulière au personnage de professeur au chevet des poilus traumatisés de la Grande guerre dans Les fragments d’Antonin de Gabriel Le Bomin. Consécration internationale, il est invité par Steven Spielberg en 2011 à rejoindre le casting de Cheval de guerre, fresque guerrière sur le rôle des animaux dans la guerre des tranchées et dans laquelle il campe un grand-père français tentant de protéger sa petite fille. En 2014, c’est le réalisateur allemand Volker Schlöndorff qui l’invite à reprendre l’uniforme du général allemand Dietrich von Choltitz dans Diplomatie, l’adaptation de la pièce de Cyril Gély (qu’il avait auparavant joué sur scène en 2011) relatant les efforts déployés par l’ambassadeur de Suède pour éviter la destruction de Paris ordonnée par Hitler. Enfin, parmi ses derniers rôles marquants dans des films historiques, on pourra également mentionner son rôle de magnat de la finance dans Au revoir là-haut d’Albert Dupontel en 2017 ou celui du compagnon d’infortune d’un Vincent Van Gogh souffrant dans Eternity’s gate de Julian Schnabel en 2018.