A l’instar de Roman Polanski, Milos Forman fait partie de ces grands maîtres du 7ème Art formés après la Seconde guerre mondiale dans les écoles de Cinéma du monde communiste et qui ont fait la plus intéressante partie de leur carrière à Hollywood ou en Europe de l’Ouest. Né en Tchécoslovaquie en 1932,  Milos Forman s’illustre très vite comme l’un des étudiants les plus prometteurs de la FAMU de Prague grâce à une série de court-métrages originaux et particulièrement inventifs avant de passer à la réalisation de long-métrages au contenu souvent satirique et loin des standards de la productions communistes de l’époque (Les amours d’une blonde ou Au feu les pompiers !). En 1968, à la suite la répression du Printemps de Prague par les Soviétiques, il décide de s’exiler aux États-Unis et devient Professeur de Cinéma à l’Université de Columbia. Très vite, il retourne à la mise en scène avec des films à thématiques sociales et politiques devenus depuis des classiques comme Vol au-dessus d’un nid de coucous (One flew over the cuckoo’s nest, 1977) et surtout Hair, l’adaptation de la comédie musicale pacifiste de Broadway en 1979. A partir des années 80 et Ragtime, son intérêt se tourne vers l’Histoire et la notion de réalisme psychologique des personnages autant que la restitution la plus systémique possible du contexte de l’époque dans laquelle ils évoluent. Son art culmine avec le mythique Amadeus en 1984, biographie du musicien viennois que Forman transforme en une passionnante étude des mécanismes psychologiques (et tourmentés) du Génie dans un Ancien Régime au bord du gouffre. Il poursuit d’ailleurs sa réflexion sur l’aristocratie avec Valmont (1989), l’adaptation des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos avant de signer deux biopics de personnalités médiatiques américaines hors du commun : Larry Flynt, roi du Porno et fondateur du magazine Hustler dans le film homonyme de 1996, et Andy Kaufman, célèbre comique absurde et surréaliste dans Man on the Moon (1999). Son dernier film, crépusculaire comme un adieu, prend pour cadre l’Espagne à l’heure de l’invasion napoléonienne en suivant le destin du peintre Francisco Goya dans Les fantômes de Goya (2006). Bénéficiant d’une reconnaissance internationale hautement méritée, Milos Forman aura marqué l’Histoire du Cinéma par l’intelligence et la finesse de son approche de la reconstitution historique et de la mise en perspective de ses personnages avec la société qui les entourent.