A l’affiche
Le 1er novembre 2023
L’enlèvement
(Rapito)
Allemagne/France/Italie
Réalisé par Marco Bellocchio
Avec Enea Sala, Leonardo Maltese, Paolo Pierobon
Durée : 2h15
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Les pages sombres de l’Histoire italienne occupent une grande place dans la filmographie de Marco Bellocchio. De la genèse intime et politique de Mussolini dans Vincere (2009) à l’affaire Aldo Moro qu’il mit en scène à deux reprises dans Buongiorno notte (2003) et l’excellente série Esterno notte (2022) jusqu’aux procès de la mafia sicilienne dans Le traître (2021), le réalisateur italien n’a de cesse d’explorer les aspects méconnus du passé de l’Italie. Avec L’enlèvement, il remonte le temps jusque au milieu du XIXeme siècle pour relater l’incroyable scandale politique et religieux que fut l’enlèvement du jeune Edgardo Mortara par les soldats de l’inquisiteur du pape Pie IX. Comme à son habitude, Bellocchio interroge les motivations d’un pouvoir totalitaire sur le déclin et reconstitue avec minutie et ambition ce moment de l’Unité italienne qui vit la fin progressive de la domination papale sur les provinces transalpines. Au-delà de la question morale posée par cet acte inhumain ordonné par le pape au nom de la sacro-sainte doctrine de l’Eglise, le film retrace de manière passionnante le fonctionnement administratif et judiciaire en vigueur au sein des États pontificaux, en particulier celui du Saint office de l’Inquisition. Entre fresque historique et réflexion engagée, ce film – qui fut l’un des grands événements du dernier Festival de Cannes – s’inscrit dans une certaine tradition du Cinéma italien à représenter la papauté à l’écran, de Pie IX dans Au nom du pape roi de Luigi Magni (1977) à Pie X dans Les hommes ne regardent pas le ciel d’Umberto Scarpelli (1952) et Pie XII dans Shades of truth de Liana Morabili (2015) sans compter les innombrables biopics télévisuels produits par la RAI sur Paul VI, Jean XXIII ou Jean-Paul II.