Killers of the flower moon

Depuis ses grandes fresques comme Le temps de l’innocence sur l’essor de la bourgeoisie new-yorkaise au XIXème siècle (1993), la violence des rapports entre les communautés irlandaises et italiennes dans Gangs of New York (2002) ou l’histoire secrète de Las Vegas dans Casino (1995), Martin Scorsese a placé une bonne partie de sa filmographie sous le signe de l’exploration des pans méconnus de l’Histoire américaine. A travers ses portraits de marginaux aussi terrifiants qu’attachants, il livre de film en film un passionnant récit des origines des Etats-Unis. Avec Killers of the flower moon, le réalisateur de Shutter Island et de La dernière tentation du Christ s’aventure sur les terres du Western crépusculaire et s’attaque à un sujet peu traité au Cinéma : le sort des Indiens d’Amérique à la suite de leur sédentarisation forcée dans les réserves à l’orée du XXeme siècle. Pour cela, il adapte le roman de l’écrivain David Grann sur les terribles évenements  subis par le peuple Osage dans les années 20 et la spoliation des bénéfices du pétrole présent sur leur territoire au profit de ciniques spéculateurs blancs décidés à aller jusqu’au meurtre pour s’emparer des très lucratifs « headrights » (ces droits payés aux Amérindiens pour l’utilisation de leurs terres). Mêlant faits divers réels, vie quotidienne des amérindiens et enquête du Bureau Of Investigation (ancêtre direct du FBI), ce film fleuve intime et spectaculaire nous livre une vision méconnue et particulièrement sombre de l’envers du rêve américain. Il est par ailleurs intéressant de noter que le film de Scorcese est la 3ème occurence de cette dramatique affaire après le Tragedies of the Osage Hills de James Young Deer (1926) et La police fédérale enquête de Mervyn LeRoy (1959) .