Apaches

Depuis une bonne dizaine d’années, la Belle Epoque et, en particulier les aspects sociétaux cachés de son univers urbain et parisien, semblent de nouveaux fasciner les cinéastes hexagonaux.  Création des brigades mobiles de Clémenceau dans Les brigades du Tigres de Jérôme Cornuau (2006), intimité des bordels de luxe dans L’Appollonide, souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello (2011), mouvances politiques extrémistes dans Les anarchistes d’Eli Wajeman (2014), coulisses de l’Opéra de Paris dans le film d’animation Ballerina d’Eric Summer et Eric Varin (2016), naissance littéraire de Cyrano de Bergerac dans Edmond d’Alexis Michalik (2019), genèse de la Tour Eiffel avec le biopic Eiffel de Martin Bourboulon (2021) ou adaptation excentrique de la bande dessinée de Tardi Les aventures d’Adèle Blanc-Sec par Luc Besson (2010), l’aube du XXème siècle trouve un écho contemporain sur grand écran. Et cette soudaine passion ne manque pas d’être relayée par la Télévision avec des séries comme Paris Police 1900 sur Canal + ou Le bazar de la Charité sur Netflix. Loin de la vision idéalisée et romantique de la voyoucratie de la Belle Epoque dépeinte dans des classiques comme Casque d’or de Jacques Becker (1952), Romain Quirot se penche sur le phénomène des Apaches, ces bandes organisées de jeunes délinquants qui terrorisaient le Paris bourgeois sur fond d’inégalités sociales. Avec cette relecture du microcosme criminel qui a longtemps défrayé les chroniques judiciaires de Belleville, le réalisateur assume une vision plus moderne, violente et réaliste mais également une mise en perspective plus métaphorique et référencée de l’évolution de notre société actuelle.