Corsage

La vie d’Elisabeth de Wittelsbach, devenue impératrice d’Autriche et surnommée « Sissi » par ses contemporains, n’a cessé de fasciner les cinéastes. De 1955 à 1957, Ernst Marischka l’immortalisa sous les traits de Romy Schneider dans la trilogie culte  qui marqua l’apogée du « Heimat Film » allemand d’Après-guerre. L’actrice allemande reprendra d’ailleurs son rôle dans une apparition crépusculaire de la souveraine dans Le crépuscule des dieux de Luchino Visconti en 1972. Bien qu’elle soit restée dans les mémoires comme l’interprète de référence, Romy Schneider ne doit pas faire oublier les autres comédiennes qui lui ont prêté leurs traits d’Edwige Feuillère dans L’aigle à deux têtes de Jean Cocteau en 1948 à Ava Gardner dans Mayerling de Terence Young en 1968 sans oublier Arielle Dombasle dans Sissi, impératrice rebelle, le téléfilm de Jean-Daniel Verhaeghe diffusé en 2004. Plus récemment, deux séries lui ont été consacrées (Sissi sur TF1 et L’impératrice sur Netflix), tentant avec plus ou de réussite des approches plus psychanalytiques du personnage. A son tour, Marie Kreutzer aborde cette figure féminine incontournable de l’Histoire autrichienne sous l’angle de la vieillesse. A la fois vêtement contraignant imposé par l’étiquette de cour et symbole de l’emprisonnement doré vécu par l’impératrice à Schönbrunn, le corsage fait office de catalyseur à la révolte existentielle et féministe de l’épouse de l’empereur François-Joseph. Loin des représentations romantiques et glamour habituelles, la réalisatrice montre à quel point ses tendances dépressives et son rapport conflictuel au corps ont contribué à influencer la construction de son mythe. Reconstitution minutieuse de la condition des femmes à la cour des Habsbourg, Corsage montre surtout l’envers du décor d’une icône trop parfaite à travers le regard d’une cinéaste féministe et inspirée.