La Nativité
en films
Incontournable introduction à la vie du Christ, la Nativité a fait l’objet de représentations cinématographiques dès les premières années du 7ème Art. De l’annonce faite à Marie jusqu’à l’adoration des mages, cet épisode initiateur du récit biblique est un passage obligé de la plupart des adaptations du Nouveau Testament sur grand et petit écran, des premières bandes muettes de Jean-Michel Coissac et du frère Basile Kirchner (La Passion du Christ en 1897) destinées à la catéchisation des paroisses jusqu’aux séries d’inspiration évangélistes qui fleurissent sur les chaînes privées américaines.
Le premier film pleinement consacré au sujet date de 1909 : The star of Bethleem de… Thomas Edison ! L’année suivante, c’est Louis Feuillade, le réalisateur fétiche de Gaumont, qui signe La Nativité, évocation en 9 tableaux de l’annonce faite aux bergers à la fuite en Égypte (dont l’iconographie s’inspire largement de l’esthétique des peintres orientalistes). Si ces films s’intéressent autant aux origines divines du futur enfant Jésus qu’aux préparatifs contrariés de sa naissance, c’est toujours la mise en scène de la Crèche qui marque le point d’orgue de ces reconstitutions. Dans des sociétés occidentales fortement marquées par les traditions religieuses, ces illustrations filmiques trouvent tout leur sens référentiel et pédagogique, faisant de l’écran de la salle de Cinéma le réceptacle d’un nouveau livre d’images pieuses.
Le film le plus complet et spectaculaire sur le sujet reste sans doute La Nativité de Catherine Hardwicke sorti en 2006. Bénéficiant d’un casting de qualité autour d’Oscar Isaac dans le rôle de Joseph et de Ciaran Hinds (le Jules César de la série Rome) dans le rôle du cruel roi Hérode, le film opère une synthèse plutôt efficace entre le respect du texte sacré, les clichés issus du folklore chrétien et l’esthétique « Péplum » chère à Hollywood.
"LA NATIVITE" de Catherine Hardwicke (2008)
"LES ROIS MAGES" d'Antonio Navarro (2003)
Loin des approches frontales et linéaires, certains films abordent la Nativité par le biais de certains personnages ou éléments clés du récit. C’est le cas des films sur les 3 mages (Gaspard, Melchior et Balthasar) qui suivent l’étoile jusqu’à Bethelem pour offrir des présents au nouveau-né divin. On peut citer A la poursuite de l’étoile (Caminnacammina) d’Ermanno Olmi en 1980 ou Les rois mages d’Antonio Navarro (2003), attachant film d’animation sur ces trois énigmatiques savants venus des tous les continents du monde connu.
Autre personnage qui a intéressé les scénaristes : l’âne gris de la Crèche. En 1978, Don Bluth adapte pour les studios Disney Le petit âne de Bethleem, d’après un conte de Noël de Charles Tazaewell. Quarante ans plus tard, L’étoile de Noël de Timothy Reckart, dessin-animé grand public bien que très clairement destiné à l’éducation religieuse des petits, évoque lui aussi la naissance du Christ à travers les palpitantes et drôlatiques aventures du fameux âne.
"L'ETOILE DE NOEL" de Timothy Reckart (2017)
Pour terminer, il est intéressant de souligner qu’il arrive parfois que la Nativité bénéficie d’un traitement particulier dans des films qui ne sont pas, au sens strict du terme, des adaptations de la vie du Christ. C’est le cas de l’ouverture des différentes versions de Ben-Hur (par ailleurs, sous-titré « Un récit des temps évangéliques » en référence au roman du général Lee Wallace qui l’a inspiré), de La vie de Bryan, parodie burlesque et pas très catholique des Monty Python sortie en 1979 ou encore du « biopic » catéchisant Marie de Nazareth, dernier film de Jean Delannoy (1994).