In memoriam
Jean-Paul BELMONDO
(1933-2021)
FILMOGRAPHIE HISTORIQUE :
1960 : La ciociara de Vittorio De Sica
1961 : Léon Morin, prêtre de Jean-Pierre Melville
1961 : Les Amours célèbres de Michel Boisrond
1962 : Cartouche de Philippe de Broca
1962 : Le Jour le plus court (Il giorno più corto) de Sergio Corbucci
1964 : Week-end à Zuydcoote d’Henri Verneuil
1965 : Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard
1966 : Paris brûle-t-il ? de René Clément
1967 : Le Voleur de Louis Malle
1970 : Borsalino de Jacques Deray
1971 : Les Mariés de l’an II de Jean-Paul Rappeneau
1974 : Stavisky… d’Alain Resnais
1982 : L’As des as de Gérard Oury
1984 : Les Morfalous d’Henri Verneuil
1995 : Les Misérables de Claude Lelouch
1996 : Désiré de Bernard Murat
S’il est un acteur de légende qui a su incarner les différents aspects de l' »esprit français » au Cinéma, c’est bien Jean-Paul Belmondo. Tour à tour égérie de la Nouvelle vague, second rôle prisé du 7ème Art italien, star du Film d’action hexagonal et cascadeur hors pair, le comédien opéra comme nul autre de sa génération la synthèse entre les tenants d’une esthétique de la Modernité et les artisans d’un divertissement populaire et gouailleur. De Marcel Carné à Jean-Luc Godard, de Jean-Pierre Melville à Philippe de Broca, de François Truffaut à Gérard Oury, son physique atypique, sa posture digne des boxeurs autant que des dandys, lui assurèrent l’estime et la collaboration des plus grands réalisateurs ainsi que les premiers rôles dans de grands classiques comme A bout de souffle de Jean-Luc Godard (1960), Un singe en hiver (1965) et Peur sur la ville de Henri Verneuil (1975), Le magnifique de Philippe de Broca (1973), Le professionnel de Georges Lautner (1981) ou encore Itinéraire d’un enfant gâté de Claude Lelouch (1988).
Le Cinéma historique ne tarda pas à exploiter ses qualités physiques et son jeu énergique. On le retrouve ainsi en bandit de grand chemin dans l’inoubliable Cartouche de Philippe de Broca (1962), incursion de l’acteur dans le monde du « Cape et d’épée » très en vogue à l’époque, ou en révolutionnaire frondeur dans Les mariés de l’An II de Jean-Paul Rappeneau (1971). Mais c’est surtout l’Histoire du XXème siècle qui offrit à Jean-Paul Belmondo ses plus beaux rôles. Il incarne ainsi avec panache une série de gangsters des années 30 dans Borsalino de Jacques Deray (1970) et Stavisky d’Alain Resnais (1974). On le retrouve ensuite en lutte contre les Nazis en plein cœur des J.O. de Berlin dans L’As des as de Gérard Oury (1982). Mais c’est surtout dans des films sur la Seconde guerre mondiale que Jean-Paul Belmondo va exprimer l’étendue de son talent dramatique, du soldat français cherchant à rejoindre l’Angleterre dans la tourmente des plages bombardées de Dunkerque du Week-end à Zuydcoote de Henri Verneuil (1964) au légionnaire dévoyé des Morfalous du même réalisateur (1984), en passant par les résistants de Paris brûle-t-il ? de René Clément (1966) et Les misérables, adaptation du roman de Victor Hugo au XXème siècle par Claude Lelouch en 1995. Il sera également sympathisant communiste dans l’Italie ravagée par la guerre de La Ciociara de Vittorio de Sica (1960) et revêt l’habit d’ecclésiastique dans Léon Morin, prêtre de Jean-Pierre Melville (1961), histoire d’un amour interdit en pleine Occupation !
A chacun de ces rôles emblématiques, Jean-Paul Belmondo a insufflé une liberté de ton et une irrévérence rompant complétement avec le jeu ampoulé de ses contemporains. Ses personnages sont toujours sincères, écorchés mais beaux, à la mesure des périodes historiques dans lesquelles ils évoluent. Longtemps considéré comme l’héritier de Jean Gabin, il restera à jamais l’un des plus grands du Cinéma français.