Ennio Morricone

(1928-2020)

FILMOGRAPHIE “HISTORIQUE” :

1961 : Mission ultra-secrète (Il federale/The fascist) de Luciano Salce
1963 : Duel au Texas (Duello nel Texas/Gunfight and red sands) de Ricardo Blasco
1964 : Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari/A fistful of dollars) de Sergio Leone
1964 : Mon colt fait la loi (en) (Le pistole non discutono/Bullets don’t argue) de Mario Caiano
1965 : Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollaro in più/For a Few Dollars More) de Sergio Leone
1965 : Un pistolet pour Ringo (Un pistola per Ringo/A pistol for Ringo) de Duccio Tessari
1965 : Le Retour de Ringo (Il ritorno di Ringo/Return of Ringo) de Duccio Tessari
1965 : Sept Écossais au Texas (Sette pistole per i Mac Gregor/Guns for the McGregors) de Franco Giraldi
1966 : La bible (The Bible : in the beginning/La Bibbia) de John Huston (Non crédité)
1966 : La Bataille d’Alger (La Battaglia di Algeri/The Battle of Algiers) de Gillo Pontecorvo
1966 : Le Bon, la Brute et le Truand (Il buono, il brutto, il cattivo/The Good, the Bad and the Ugly) de Sergio Leone
1966 : Navajo Joe de Sergio Corbucci (sous le pseudonyme de Leo Nichols)
1966 : Du sang dans la montagne (The Hills run red/River of dollars/Un fiume di dollari) de Carlo Lizzani
1966 : Peyrol le boucanier (L’avventuriero/The rover) de Terence Young
1966 : Sept femmes pour McGregor (Sette donne per I McGregor/7 women for the McGregors) de Franco Giraldi
1967 : Les Sorcières (Le Streghe) de Pier Paolo Pasolini et Vittorio De Sica
1967 : La mort était au rendez-vous (Da uomo a uomo/Death rides a horse) de Giulio Petroni
1967 : Le Dernier Face à face (Faccia a faccia) de Sergio Sollima
1967 : Les Cruels (The hellbenders/I crudeli) de Sergio Corbucci
1967 : Colorado (La resa dei conti/The big gundown) de Sergio Sollima
1967 : La Bataille de San Sebastian (The guns for San Sebastian) de Henri Verneuil
1968 : La Gloire des canailles (Dalle Ardenne all’inferno/Dirty heroes) d’Alberto De Martino
1968 : Il était une fois dans l’Ouest (C’era una volta il West/Once Upon a Time in the West) de Sergio Leone
1968 : Galilée (Galileo) de Liliana Cavani
1968 : Le Grand Silence (Il grande Silenzio/The Great Silence) de Sergio Corbucci
1968 : Fräulein Doktor de Marcello Aliprandi et Alberto Lattuada
1968 : La Religieuse de Monza (La monaca di Monza/The lady of Monza) d’Eriprando Visconti
1968 : Ciel de plomb (E per tetto un cielo di stelle/And for a roof a sky full of stars) de Giulio Petroni
1968 : El mercenario (Il mercenario) de Sergio Corbucci
1969 : Trois pour un massacre (Tepepa/Long live the revolution) de Giulio Petroni
1969 : La Tente rouge (The red tent/La tenda rossa) de Mikheil Kalatozishvili
1969 : Queimada de Gillo Pontecorvo
1969 : Cinq hommes armés (Un esercito di cinque uomini/The five man army) de Don Taylor
1970 : Sierra torride (Two Mules for Sister Sara) de Don Siegel
1970 : Metello, ou la naissance de la colère (Metello) de Mauro Bolognini
1970 : À l’aube du cinquième jour (Dio è con noi/Gott mit uns/The fifth day/God with us) de Giuliano Montaldo
1970 : L’Assaut des jeunes loups (Hornet’s nest /I lupi attacano in branco) de Phil Karlson
1970 : Compañeros (Vamos a matar compañeros) de Sergio Corbucci
1971 : Il était une fois la révolution (Giù la testa) de Sergio Leone
1971 : Sacco et Vanzetti (Sacco e Vanzetti) de Giuliano Montaldo
1971 : Le Décaméron (Il decameron) de Pier Paolo Pasolini
1972 : Le Maître et Marguerite (Il maestro e Margherita/The master and Margarita) d’Aleksandar Petrović
1972 : Far West Story (Sonny and Jed/La banda J & S/Cronica criminale del Far West) de Sergio Corbucci
1972 : On m’appelle Providence (La vita, a volta è molto dura, vero Providenza ?) de Giulio Petroni
1972 : Barbe-bleue (Bluebeard) d’Edward Dmytryk et Luciano Sacripanti
1972 : Les Contes de Canterbury (I racconti di Canterbury) de Pier Paolo Pasolini
1973 : Mon nom est Personne (Il mio nome è Nessuno/My name is nobody) de Tonino Valerii et Sergio Leone
1973 : La Poursuite implacable (Revolver) de Sergio Sollima
1973 : SS Représailles (Rappresaglia) de George Pan Cosmatos
1973 : Giordano Bruno de Giuliano Montaldo
1973 : Mais qu’est-ce que je viens foutre au milieu de cette révolution ? (Che c’entriamo noi con la rivoluzione?) de Sergio Corbucci
1973 : On continue à m’appeler Providence d’Alberto De Martino
1973 : La Tente rouge (Krasnaya palatka) de Mikhail Kalatozishvili
1974 : Les Derniers Jours de Mussolini (Mussolini, ultimo atto) de Carlo Lizzani
1974 : Moïse (Moses, the lawgiver/Mosè) (version cinéma) et (version TV) de Gianfranco De Bosio
1974 : Il sorriso del grande tentatore de Damiano Damiani
1974 : Les Mille et Une Nuits (Il Fiore delle mille e una notte) de Pier Paolo Pasolini
1974 : Allonsanfan de Paolo et Vittorio Taviani
1975 : Un génie, deux associés, une cloche (Un genio, due compari, un pollo) de Damiano Damiani et Sergio Leone
1975 : Léonor de Juan Luis Buñuel
1975 : Salò ou les 120 Journées de Sodome (Salò o le 120 giornate di Sodoma) de Pier Paolo Pasolini
1976 : René la Canne de Francis Girod
1976 : 1900 de Bernardo Bertolucci
1976 : Le Désert des Tartares (Il deserto dei Tartari) de Valerio Zurlini
1977 : L’Affaire Mori (Il prefetto di ferro) de Pasquale Squitieri
1977 : L’agnese va a morire de Giuliano Montaldo
1978 : Corleone (The father of the godfathers) de Pasquale Squitieri
1978 : Les Moissons du ciel (Days of heaven) de Terrence Malick
1980 : Le Larron (Il ladrone/The good thief) de Pasquale Festa Campanile
1980 : La Banquière de Francis Girod
1981 : La Dame aux camélias (La vera storia della camelie) de Mauro Bolognini
1981 : La Tragédie d’un homme ridicule (La tragedia di un uomo ridiculo) de Bernardo Bertolucci
1981 : La Désobéissance d’Aldo Lado
1982 : Nana: Le désir (Nana, la vera chiave del piacere) de Dan Wolman
1982 : Marco Polo de Giuliano Montaldo
1983 : Sahara d’Andrew V. McLaglen
1983 : La Clé (La Chiave) de Tinto Brass
1984 : Il était une fois en Amérique (Once Upon a Time in America) de Sergio Leone
1986 : Mission (The Mission) de Roland Joffé
1986 : La Vénitienne (La venexiana) de Mauro Bolognini
1987 : Les Incorruptibles (The Untouchables) de Brian De Palma
1988 : Le Sang du châtiment (Rampage) de William Friedkin
1989 : Outrages (Casualties of war) de Brian De Palma
1989 : Cinema Paradiso de Giuseppe Tornatore
1989 : Les Maîtres de l’ombre (Fat Man and Little Boy) de Roland Joffé
1989 : Le Raccourci (Tempo di uccidere) de Giuliano Montaldo
1990 : Hamlet de Franco Zeffirelli
1991 : Bugsy de Barry Levinson
1995 : Pasolini : mort d’un poète (Pasolini : un delitto italiano) de Marco Tullio Giordana
1995 : Marchand de rêves (L’uomo delle stelle) de Giuseppe Tornatore
1997 : Lolita d’Adrian Lyne
1998 : Bulworth de Warren Beatty
1998 : La Légende du pianiste sur l’océan (La leggenda del pianista sull’oceano) de Giuseppe Tornatore
1998 : Le Fantôme de l’Opéra (Il Fantasma dell’opera) de Dario Argento
2000 : Vatel de Roland Joffé
2000 : Malèna de Giuseppe Tornatore
2002 : Senso 45 de Tinto Brass
2005 : Être sans destin (Fateless/Sorstalanság) de Lajos Koltai
2008 : I demoni di San Pietroburgo (it) de Giuliano Montaldo
2009 : Baarìa de Giuseppe Tornatore
2015 : En mai, fais ce qu’il te plaît de Christian Carion
2015 : Les Huit Salopards (The Hateful Eight) de Quentin Tarantino

Joueur de trompette diplômé du célèbre Conservatoire Santa-Cécilia de Rome en 1946 et passionné de Musique classique et expérimentale, Ennio Morricone fait ses débuts comme arrangeur dans le milieu de la “Pop music”des années 60 et des divas italiennes qui feront la réputation du Festival de San Remo. Le succès de ses arrangements pour la chanson Se telefonando de Mina (la Dalida transalpine) lui ouvre les portes de la Télévision et du Cinéma. C’est dans le Western “à l’Italienne” (qui s’imposera bientôt comme le “Western Spaghetti”) que le compositeur fait ses premiers pas dans le monde de la Musique de films. Commence alors une collaboration avec Sergio Leone avec la célèbre trilogie du Dollar (Pour une poignée de dollars en 1964, Et pour quelques dollars de plus en 1965 et Le Bon, la Brute et le Truand en 1966) qui révolutionna la manière d’aborder le Western et ses tonalités mélodiques. Se laissant guider par les partitions de Morricone (diffusées en direct pendant les tournages) pour chorégraphier ses scènes de duels, le réalisateur italien invente un nouveau langage cinématographique et le compositeur, une nouvelle expression musicale empruntant aux musiques populaires et traditionnelles autant qu’à des éléments sonores inspirés d’animaux ou d’objets.

Mais bien plus que le simple Western, Ennio Morricone révolutionna l’approche musicale des films historiques et de leurs sous-genres. Refusant l’imitation et les évocations “à la manière de”, le compositeur s’éloigna des univers musicaux historiquement marqués des périodes passées montrées à l’écran pour mieux en détourner les codes et jouer avec les clichés. Des percussions guerrières de La bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo (1966) aux mélopées mélancoliques d’A l’aube du 5ème jour de Giuliano Montaldo (1969) et de Cinéma Paradiso de Giuseppe Tornatore (1989), des fresques lyriques de 1900 de Bernardo Bertolucci (1976) ou Mission de Roland Joffé (1986) aux débordements pop et folk d’Il était une fois la Révolution de Sergio Leone (1971) et de Joan Baez dans Sacco et Vanzetti de Giuliano Montaldo (1971), l’Histoire selon Morricone se vit, de manière intérieure et profonde, avant d’être un spectacle ou une illustration.

Créateur prolifique, il enchaîne ainsi les écritures musicales pour le Cinéma, passant allègrement de genre en genre, de réalisateurs prisés du grand public comme Steno, Henri Verneuil ou Richard Fleischer en auteurs engagés comme Pier Paolo Pasolini, Bernardo Bertolucci ou Marco Bellochio, des productions de Cinecittà aux plus grands studios du monde entier, de la Comédie au film d’espionnage en passant le Giallo et le Film politique. Renouvelant sans cesse son style et pratiquant le contre-point musicale de manière quasi-systématique, son oeuvre étonne autant qu’elle fascine et, bien plus que tout autre maestro, il devient rapidement “culte”, en particulier dans les années 70 où son travail est associé avec de grands classiques comme Le clan des Siciliens de Henri Verneuil (1969), Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri (1970) ou 1900 de Bernardo Bertolucci (1976). Devenu également une figure incontournable du 7ème Art hexagonal avec des succès populaires comme La cage aux folles d’Edouard Molinaro (1978) ou Le professionnel de Georges Lautner (1984) et son fameux thème “Chi mai” rendu célèbre par une publicité, sa renommée le mène jusqu’à Hollywood où il collabore avec de grands noms de l’industrie cinématographique américaine comme Samuel Füller, Brian De Palma, William Friedkin, John Carpenter ou Quentin Tarantino.

En presque 60 ans de carrière et une oeuvre qui compte plus de 500 compositions, Ennio Morricone s’est imposé comme un théoricien incontournable de la Musique à l’écran et comme un touche-à-tout de génie alternant les collaborations avec des icônes de la chanson comme Mireille Mathieu ou Françoise Hardy et les expérimentations de Musique totale, atonique, aux antipodes des grandes mélodies écrites pour le Cinéma. A l’instar d’Ennio Morricone, rares sont les compositeurs de Musique de films a avoir laissé une telle empreinte dans la Culture populaire, parvenant à réunir autour de références communes les cinéphiles les plus exigeants et les amateurs de Cinéma bis et/ou de genres.