EVITA
1996 – Etats-Unis
Fiche technique
Réalisé par Alan Parker
Scénario d’Alan Parker, Tim Rice et Oliver Stone
d’après la comédie musicale “Evita” de Tim Rice et Andrew Lloyd Webber
Musique d’Andrew Lloyd Webber
Avec Madonna, Antonio Banderas, Jonathan Pryce, Jimmy Nail
Durée : 2h15
Synospis :
Née dans une famille pauvre de la campagne d’Argentine, Eva Duarte n’a qu’un rêve : monter à Bueno Aires pour tenter sa chance dans le Cinéma ou le Music Hall. Parvenue à intégrer le monde du Spectacle grâce à ses charmes, elle devient l’une des stars montante du 7ème Art argentin des années 40. Sa rencontre avec le colonel Juan Peron en 1944 va changer le cours de sa vie. Après son mariage avec cet ambitieux militaire qui va s’emparer du pouvoir par un coup d’état, elle devient l’influente première dame du nouveau régime. Sous le regard observateur et critique d’Ernesto Guevara (le futur “Che”), celle que l’on surnomme désormais “Evita” va alors jouer un rôle trouble et ambigu, à la fois bienfaitrice glamour des déshérités et porte-parole médiatique de la dictature péroniste.
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Contexte historique
Influente première dame d’Argentine aux côtés du président dictateur Juan Peron de 1946 à 1952 , Maria Duarte Eva de Peron (surnommée affectueusement « Evita » par la liesse populaire) fut l’alibi social et « people » de la dictature militaire. Ancienne actrice, courtisane ambitieuse et égérie du parti péroniste, Eva Peron n’en fut pas moins une figure du féminisme naissant dans l’Amérique du Sud de l’Après-guerre qui œuvra en faveur du droit de vote des femmes en 1947 et à l’égalité juridique des conjoints en 1949. Son engagement pour les travailleurs et son rôle actif dans les luttes pour les droits sociaux lui permit de forger sa propre légende et de devenir une véritable icône nationale.
Contexte de production
Après Pink Floyd – The Wall et Midnight Express, le réalisateur britannique Alan Parker poursuit avec Evita sa réflexion sur les rapports entre les individus et les systèmes d’oppression qui les conditionnent et les emprisonnent. En adaptant le célèbre opéra rock latino d’Andrew Lloyd Webber et Tim Rice, incontournable succès de Broadway depuis 1978, il déplace son point de vue vers les classes dominantes pour mieux explorer les mécaniques du pouvoir.
A travers l’itinéraire d’une ambition et le destin hors du commun de cette icône quasi-sacrée de l’Histoire sud-américaine, Alan Parker, qui a sans doute un peu en tête Margaret Thatcher, souligne l’impact de la propagande sur l’ascendant d’un régime populiste sur son peuple et la manipulation médiatique des masses dans les sociétés contemporaines. Tout le propos est d’ailleurs résumé dans la chanson la plus célèbre de l’opéra : “Don’t cry for me Argentina” lorsque Madonna implore la foule en expliquant : “Tout ce que vous avez à faire, c’est de me regarder pour savoir que chaque mot est vrai !”. Dès l’ouverture du film, l’histoire de cette courtisane légendaire est commentée de loin par une autre figure emblématique d’Argentine : Ernesto Guevara, alors jeune médecin révolutionnaire. Personnage symétriquement opposé à celui d’Eva Peron, le futur héros de Cuba, incarné par Antonio Banderas, apporte une contradiction systématique en dénonçant cyniquement l’hypocrisie et les non-dits de cette “petite mère du peuple”.