Un violon sur le toit
(FIDDLER ON THE ROOF)
1971 – Etats-Unis
Fiche technique
Réalisé par Norman Jewison
Scénario de Joseph Stein
d’après le roman “Tevye le laitier” de Cholem Aleikhem
Musique de Jerry Bock, Sheldon Harnick et John Williams (musique additionnelle et direction musicale)
Avec Chaïm Topol, Norma Crane, Leonard Frey, Molly Picon
Durée : 2h52
Synospis :
Ukraine, 1905. Sur les toits d’Anatevka, petit village partagé entre sa population juive et orthodoxe russe, un joueur de violon un peu simple d’esprit est le témoin de la vie quotidienne de des habitants. Il croise tous les jours Teyve, le laitier juif philosophe et désargenté qui rêve de pouvoir assurer de bons mariages à ses cinq filles. Ce dernier fait appel aux services de Yente l’entremetteuse, mais ses filles sont réticentes et refusent de se plier à cette tradition, préférant des unions nées de l’amour véritable. L’une d’entre elle tombe même amoureuse d’un jeune Russe non juif. Teyve, que cette situation désole, est tiraillé entre les rituels de sa communauté et son envie de rendre ses filles heureuses. Au moment où la situation parvient enfin à trouver une issue favorable, les habitants d’Anatevka apprennent des autorités ukrainiennes l’annonce d’un décret d’expulsion du Tsar ordonnant aux Juifs de quitter la région. Peu de temps après, les cosaques investissent le village, brûlant et pillant les habitations juives, condamnant les familles à l’exil et à la dispersion.
© United Artists/Carlotta Films – Tous droits réservés
Contexte historique
Au début du XXème siècle, l’Ukraine sous domination russe connaît un déchaînement d’antisémitisme à la suite de l’assassinat du tzar Alexandre II, le 13 mars 1881. Les pogroms encouragés par les autorités religieuses orthodoxes et menées par les troupes cosaques se multiplient contre les communautés juives ashkénazes, généralement regroupées dans les ghettos urbains ou dans des petits villages. Face à ces violences, les Juifs d’Ukraine réagissent de diverses manières. Certains se réfugient dans la religion, d’autres se tournent vers le Socialisme ou partent émigrer en Palestine.
Contexte de production
Entre reconstitution historique et “comédie musicale” (bien que l’on puisse trouver qu’il s’agisse plus d’une “tragédie musicale”), Un violon sur le toit est l’un des rares films hollywoodiens à traiter de la vie quotidienne des populations juives dans les campagnes d’Europe de l’Est et de Russie dans les shtetls, ces petits villages vivant en quasi-autarcie, fruits de la ségrégation ethnique imposée par leurs voisins slaves. Si le film est célèbre pour sa chanson d’ouverture, “Ah, si j’étais riche !” (ou “If I were a rich man” en version originale) reprise maintes fois sur les scènes de Broadway et par Gwen Stefani, cette histoire d’amour impossible est surtout un prétexte pour évoquer les différents aspects de la culture yiddish traditionnelle et retrouver l’âme pittoresque d’un peuple et d’une civilisation aujourd’hui disparus dans les cendres de l’Histoire. Des danses traditionnelles au fameux “humour juif” en passant par les croyances funéraires, c’est tout un monde et son mode de vie qui renaissent à travers une galerie de portraits typiques, particulièrement touchants et dénués de toute caricature que met en scène le réalisateur de L’affaire Thomas Crown et Dans la chaleur de la nuit.
Anecdotes
Le film permet également de comprendre les origines et les motivations de l’émigration massive des Juifs russes et d’Europe de l’Est vers les pays occidentaux ou l’Amérique entre la fin du XIXème siècle et les débuts du XXème siècle. Victimes d’un antisémitisme d’État et de la ghettoïsation structurelle les empêchant de nouer des relations commerciales normales et allant jusqu’à interdire les unions mixtes, harcelés par les pogroms et réduits à l’état de persona non grata, les habitants des shtetl n’ont plus qu’une solution : prendre le chemin de l’exil. Entre Tradition et résilience, la figure du joueur de violon sur son toit est d’ailleurs devenue un métaphore iconique de cette errance douloureuse et un symbole de la diaspora juive en Europe.