La Liste de Schindler
(SCHINDLER’S LIST)
1994 – Etats-Unis
Fiche technique
Réalisé par Steven Spielberg
Scénario de Steven Zaillian, d’après le roman éponyme de Thomas Keneally
Musique de John Williams
Avec Liam Neeson, Ralph Fiennes, Ben Kingsley, Caroline Goodall
Durée : 3h15
Synospis :
Oskar Schindler est un industriel allemand, membre du parti nazi. Ne pensant tout d’abord qu’à son profit, il corrompt des membres de la Wehrmacht et des officiers SS pour acquérir une usine de métal émaillé. Pour l’aider dans la direction de son entreprise, il engage un comptable juif, Itzhak Stern, par ailleurs représentant local de la communauté juive. Stern aide alors Schindler à trouver des financements pour lancer son entreprise. Schindler entretient également des relations amicales avec les nazis afin de pouvoir employer la main d’œuvre juive bon marché du ghetto de Cracovie dans son usine. De son côté, Stern, tout en assurant à Schindler qu’il engage des employés essentiels à l’effort de guerre allemand, sauve de nombreux Juifs de la déportation. Arrivé à Cracovie pour superviser la construction du camp de concentration de Płaszów, le SS Amon Goeth ordonne la liquidation du ghetto. Schindler se rend alors compte de l’horreur et de la folie nazie et, tout en veillant à entretenir son amitié avec Goeth grâce à des pots-de-vin, finit par renoncer à son intérêt financier : sa priorité est désormais de sauver le plus de vies possibles. Il corrompt Goeth pour obtenir l’autorisation de construire son propre camp afin d’y abriter ses travailleurs et mieux les protéger. Les Allemands commençant à perdre la guerre, Goeth reçoit l’ordre d’envoyer les derniers juifs de Płaszów à Auschwitz. Schindler demande à Goeth l’autorisation de déménager ses travailleurs vers une nouvelle usine de munitions qu’il prévoit de construire dans sa ville natale de Zwittau-Brinnlitz. Goeth accepte contre un énorme pot-de-vin. Schindler et Stern créent alors la « liste de Schindler », une liste de 1 100 personnes qui seront transférées à Brinnlitz et qui seront épargnées de la déportation vers Auschwitz. Il dépense alors une grande partie de sa fortune à corrompre les autorités nazies et va jusqu’à saboter sa propre marchandise pour qu’elle ne puisse être utilisée militairement. Quelques mois plus tard, alors que la guerre se termine, Oskar Schindler et sa femme, ruinés, quittent le pays, pourchassés comme membres du parti nazi et profiteurs de guerre. Il fuit l’avancée de l’armée rouge et doit dire adieu aux 1 100 Juifs qu’il a sauvé.
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Contexte historique
L’histoire d’Oskar Schindler prend pour cadre le Gouvernement général de Pologne (sous occupation allemande depuis 1939), sur fond d’exécution brutale de la “Solution finale à la question juive”, planification par l’Allemagne nazie de la déportation et l’extermination des populations juives d’Europe fixée par la conférence de Wansee en 1942. Le film se concentre ensuite sur la liquidation du ghetto juif de Cracovie à partir de juin 1942 et la déportation de ses habitants survivants dans le camp de concentration de Plaszow, principalement sous la direction du commandant Amon Göth qui le dirigea entre février 1943 et septembre 1944.
Contexte de production
Considéré comme l’un des œuvres les plus poignantes sur l’extermination des Juifs d’Europe pendant la Seconde guerre mondiale, La liste de Schindler est devenue emblématique de la représentation de la Shoah au Cinéma. Et pourtant, s’il met en scène les persécutions quotidiennes et la liquidation brutale et meurtrière des ghettos en Pologne, le film de Steven Spielberg est plutôt un témoignage passionnant sur un aspect moins connu de l’Holocauste : l’utilisation massive et « industrielle » des déportés dans les nombreuses usines manufacturières ouvertes autour des camps de la Mort (en particulier, celui d’Auschwitz-Birkenau) par les grandes entreprises allemandes (IG Farben, Siemens ou BASF).
Ce biopic d’Oskar Schindler, grand patron humaniste bien qu’encarté au Parti nazi par opportunisme économique, permet au réalisateur de Lincoln de souligner les liens étroits et malsains entre la Wehrmacht et l’économie capitaliste du régime d’Adolf Hitler. Inspiré du romain de Thomas Keneally, le scénario dissèque avec intelligence les différents rouages politiques et relationnels encadrant l’exploitation des déportés depuis leur enfermement dans le ghetto jusqu’à leur assassinat dans les chambres à gaz. C’est ainsi la vie quotidienne dans le « Siedlung » (la zone industrielle) d’Auschwitz qui est présentée pour la première fois au Cinéma, montrée dans toute sa complexité et toute sa cruauté.
Anecdotes
La liste de Schindler est loin d’être le premier film consacré à la Shoah. De nombreux réalisateurs ont déjà évoqué le sujet avec des partis pris scénaristiques et esthétiques très différents, de Kanal d’Andrzej Wajda (1957) à Gillo Pontecorvo avec Kapo (1961) jusqu’à La vie est belle de Roberto Begnini (1998). La renommée populaire et internationale de Steven Spielberg a permis de donner au film une audience et une résonnance sans commune mesure, propulsant cette reconstitution historique méticuleuse au rang d’œuvre culte récompensée par 7 Oscars en 1994. Le succès du film et son écho médiatique contribua à remettre l’historiographie de la « Solution finale » au premier plan dans les problématiques mémorielles. L’engouement pour le film permit la mise en place d’initiatives patrimoniales d’envergure destinées à récolter et archivée les témoignages des derniers survivants (la Shoah Foundation de la University of South California) en parallèle de la création ou de la rénovation de nombreux lieux commémoratifs à travers le monde (Musée d’Auschwitz en Pologne, Mémorial de la Shoah à Paris…).