La guerre du feu
1981 – France/Canada
Fiche technique
Réalisé par Jean-Jacques Annaud
Scénario de Gérard Brach d’après le roman de J. H. Rosny Ainé
Musique de Philippe Sarde
Avec Everett McGill, Ron Perlman, Nicolas Kadi, Rae Down Chong
Durée : 1h35
Synospis :
© AMLF/Astral Films – Tous droits réservés
Contexte historique
Depuis les premiers temps du Cinéma, les visions les plus fantaisistes sur la Préhistoire se sont multipliées. Du sauvage crétin en toge panthère incarné par Buster Keaton dans sa comédie Les Trois Ages (Three ages, 1923) au bikini de Raquel Welch attaquée par de méchants dinosaures (alors que des milliards d’années les séparent !) dans Un million d’années avant J.C. de Don Chaffey (One million years B.C., 1966), l’Homme de Cro-Magnon n’a pas eu souvent droit à une filmographie digne de sa place dans l’Histoire ou, devrait-on dire, la Préhistoire du Monde… C’est cette injustice que le jeune réalisateur Jean Jacques Annaud souhaite réparer lorsque se présente pour lui la perspective d’un 3ème film (après l’excellent La victoire en chantant et Coup de tête). Pour cela, il décide d’adapter pour le grand écran le célèbre roman de J. H. Rosny Ainé, classique de la Littérature francophone et jalon majeur dans la représentation artistique de cette période si lointaine. Au moment de sa parution en 1911, le chef d’œuvre de cet érudit avait marqué les esprits en ce sens qu’il balayait la plupart des idées reçues sur cette période alors mal connue du grand public à une époque où la science archéologique n’en était encore qu’à ses balbutiements. Exit les rencontres fortuites avec des T-Rex ou les métaphores naïves du jardin d’Éden ! Les hommes préhistoriques de Rosny Ainé sont “réalistes”, tant dans leur façon de se sociabiliser que dans les motivations de leurs agissements au milieu d’un contexte naturel et culturel.
Contexte de production
Conscient du défi, Jean Jacques Annaud opta donc pour approche originale mêlant grand spectacle et anthropologie. Maquillages morphologiques, psychologie comportementale et réflexion sur le langage, aucun effort n’a donc été épargné par le réalisateur et ses équipes techniques pour rendre cette vision du Paléolithique la plus fidèle possible aux connaissances du moment. Et pourtant, le film n’échappe pas aux pièges qu’il souhaitait éviter à force de se vouloir trop didactique. En effet, si toutes les évolutions de l’espèce humaine, depuis l’Homme de Neandertal jusqu’à l’Homo Sapiens Sapiens (ou “Homme moderne”) permet d’obtenir un vision panoptique de l’ère préhistorique, il faut tout de même rappeler que plusieurs centaines de milliers d’années séparent les destins de ces différents groupes humains. De même la place centrale occupée par le feu dans l’organisation des tribus est à relativiser, tout comme l’animalité des comportements, la pré-humanité n’ayant pas été si “bestiale”. Malgré tout, le pari semble avoir été réussi puisque le film fut un succès international qui lui valut de nombreux prix dont les Césars du Meilleur Film et Meilleur Réalisateur en 1982. La guerre du feu permit surtout au grand public à découvrir des origines de l’Homme concrètement plus complexes que les images d’Épinal auxquelles il était habitué et marqua une rupture définitive dans la manière de reconstituer la vie préhistorique à l’écran.